Ce label développé par le collectif les Gueules cassées, est désormais le fer de lance utilisé par un regroupement de super et hyper marchés pour réhabiliter les légumes et les fruits, jugés trop laids jusqu’ici pour être proposés aux consommateurs. Hors calibre, difformes, protubérants… leurs qualités gustatives n’en sont pas pour autant remises en question, loin s’en faut.
Superbe coup marketing ou louable tentative pour mettre fin au gâchis qui mettait jusqu’ici ces fruits et légumes au ban de nos assiettes, il n’en reste pas moins que producteurs, distributeurs et consommateurs en sortent gagnants. Sans pour autant se lancer dans une remise en question sociologique de notre société, puisse ce mouvement faire quelque peu bouger les lignes au-delà des simples considérations alimentaires.
Évènement isolé, ou mouvement d’insurrection 2014 ? Gageons que cette rébellion des moches ne concerne pas que nos assiettes et fasse tache d’huile parmi les individus dont le physique ne rentre pas dans les diktats esthétiques de notre siècle d’apparences. Il y a quelques semaines, des journalistes ont testé anonymement l’accueil réservé aux clients par certains restaurants branchés de la capitale. Le résultat était sans appel : après avoir effectué une réservation identique, les plus beaux et les mieux habillés se sont vus attribuer une belle table bien placée et en vue, alors que les moins beaux et habillés plus décontractés, se sont vus relégués à une table excentrée tout au fond du restaurant.
Alors, profitons du mouvement d’indignation qui semble actuellement s’élever en tous lieux : fruits, légumes, bipèdes, moches de tous bords, insurgez-vous. A l’ère de la différence, il est grand temps que pour des raisons de calibrage, les fruits et légumes cessent d’être exclus des cageots, et les cageots exclus des restos !